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Gru'noda

 


Citation

« J’ai passé ma vie à ôter celle des autres. Aujourd’hui, je comprends : vivre, c’est résister à soi-même. »


Histoire

Peu de choses sont connues sur les premières années de la vie de Gruaka Da, aujourd’hui appelée Grunoda. Née parmi les Ossians, elle grandit dans un monde où la force faisait loi et où la faiblesse signifiait la mort. Rien ne la prédestinait à la royauté. Elle n’était ni fille de chef ni héritière divine, mais une guerrière dont la brutalité devint légende. Chaque combat, chaque victoire ajoutait à sa réputation de prédatrice. Ceux qui l’ont connue dans sa jeunesse disaient qu’elle ne souriait jamais, sauf en plein carnage.

À force de sang versé et d’alliances scellées par la peur, Gruaka finit par unifier sous sa bannière plusieurs clans ossians, fondant un nouveau royaume sur les rives de la mer de Kalystrine, un lieu stratégique reliant les routes commerciales et militaires du sud. Ce royaume, qu’elle baptisa Akalire, se distingua immédiatement par sa puissance militaire, sa rigueur et la dureté de ses lois. Sous son règne, la guerre devint un mode de vie, la sélection naturelle une idéologie. Gruaka croyait profondément que seuls les forts méritaient de vivre. Elle considérait la compassion comme une faiblesse et la paix comme une illusion.

Lorsque vint le temps de la Guerre Sainte, elle n’y entra ni par foi ni par devoir, mais par défi. Gruaka voulait prouver que la survie seule justifiait l’existence. Sa vision du monde était claire : la création n’a de sens que si elle endure la destruction. Ce fut dans cet esprit qu’elle mena le tristement célèbre raid sur Zynchara, ordonnant le massacre du peuple entier sans remords ni excuses. Interrogée par ses propres conseillers sur cet acte, elle aurait répondu :

« La vie appartient à ceux qui la prennent. Les autres n’ont jamais vraiment vécu. »

Mais la guerre finit par lui arracher ce qu’elle avait de plus cher. Ses proches tombèrent un à un, et malgré sa carapace, les fissures apparurent. Gruaka découvrit ce qu’elle n’avait jamais compris : que la douleur était le prix de la vie, et non sa preuve. Ce lent effritement la rendit d’abord plus violente, puis plus silencieuse. Elle ne cessa de se battre, mais son regard devint plus lourd, comme si chaque mort pesait un peu plus dans son cœur de pierre.

Lorsque l’Aspect de la Vie fut abattu, ses derniers mots furent des excuses adressées aux mortels : pour l’inaction, pour la souffrance, pour les guerres menées en son nom. Ce fut à Gruaka qu’il transmit son essence avant de disparaître. Nul ne sut pourquoi. Peut-être vit-il en elle la contradiction parfaite : celle d’une meurtrière qui, sans le savoir, incarnait la survie même.

Ainsi, Gruaka devint la Déesse de la Vie — une ironie que même elle ne nia jamais. Elle n’enseigna pas la douceur ni la guérison, mais la résilience, la rage d’exister, la force de se relever. Sous son influence, le royaume d’Akalire prospéra dans une forme de vitalité brutale : les enfants y apprennent à se battre avant de marcher, et les prêtres y prêchent la lutte plutôt que la paix.

Mais les siècles ont émoussé son courroux. À force de contempler la mort qu’elle avait semée, Gruaka s’est changée. Son nom, aujourd’hui, n’est plus prononcé qu’avec respect et crainte : Gru'noda, la Mère des Survivants. Là où régnait jadis la Reine Sanglante, se tient désormais une déesse calme, presque douce, mais dont les yeux portent encore la mémoire des champs de guerre. Ceux qui la rencontrent décrivent une présence à la fois apaisante et terrifiante : la paix de celle qui sait que tout meurt, mais que tout repousse.

Elle parle rarement, soigne ceux qui vivent encore, et prie pour ceux qu’elle a détruits. Certains disent qu’elle cherche la rédemption, d’autres qu’elle se contente d’attendre que le monde comprenne ce qu’elle a compris trop tard : la vie ne se conquiert pas, elle se mérite.


Attributs divins

Domaine : Vie
Pouvoirs : Régénération, résilience extrême, vitalité transmise par la rage et la volonté, contrôle des cycles organiques (croissance, pourriture, renaissance)
Culte : Officiel à Akalire, vénéré par les guerriers et les clans survivants. Considéré comme hérétique dans les royaumes de paix.
Symboles : Une couronne d’os et de ronces, un cœur percé d’une lame, une main sanglante serrant un germe vivant